Pour Laurent Livolsi et Christelle Camman (2017), « identifier et comprendre les flux de matière et de marchandises, leur organisation et leur pilotage, constituent un formidable prisme du monde ». De fait, l’irruption du paradigme logistique désigne une révolution majeure, celle qui projette le système productif dans un cadre d’une interdépendance de plus en plus mondialisée (Waters, 2011). L’intensification des échanges, l’abaissement des barrières douanières et la réduction des coûts de transport ont imposé l’émergence de chaînes de valeur complexes dont le fonctionnement repose sur la fiabilisation de chacun des maillons (Manners-Bell, 2014) : transport, stockage, assurance, transactions bancaires, échanges d’informations et de données.

La réorganisation des flux transforme les espaces, redéfinit leurs agencements et leurs hiérarchies (Savy, 2006) (Mérenne-Schoumaker, 2007). Au croisement des processus économiques et mais aussi de son encadrement politique, la logistique apparaît désormais comme un enjeu central d’aménagement. Si les recherches ont pu porter sur les dispositifs techniques ou les choix économiques, le colloque invite bien à mettre en lumière la logistique comme un instrument de gouvernance des territoires.

Dans cette optique, trois niveaux d’analyse seront privilégiés qui forment un système dont les interdépendances doivent être questionnées : l’approche globale (acteurs politiques et économiques, une lecture géopolitique des circulations et des décisions des grandes puissances qui les façonnent), l’approche (macro)régionale autour des réponses politiques des Etats de leurs regroupements et enfin à l’échelle des systèmes de distribution métropolitaine où s’articulent les grands hubs mondiaux à la livraison finale (Hesse, 2008). Ces trois entrées territoriales correspondent aussi à trois facettes de l’approche logistique vue par les géographes, comme moyen de concurrence et de domination, instrument d’aménagement et enjeu de négociation.

Axes thématiques :

  • Corridors et hubs intercontinentaux. La place des infrastructures et de leur contrôle dans les stratégies globales de puissance
  • L’affirmation de la logistique comme outil de planification et ses enjeux territoriaux
  • Les défis de la logistique dans la gouvernance métropolitaine